BRAVO CHARLES ET MERCI POUR TON TÉMOIGNAGE
Ce vendredi 5 avril à 16h26, je suis à mon poste de travail dans ma cabine d’écluse quand j’aperçois un homme en kayak qui arrive à l’amont de l’écluse.
Je comprends tout de suite que c’est une folie et qu’il risque de se retourner. Il essaie de traverser pour aller sur la rive gauche mais il se fait aspirer par le courant du barrage ( 740m3 ).
Il s’agrippe alors au navi-stop mais son kayak se retourne avec la force du courant.
Vu le débit, je comprends vite qu’il ne tiendra pas longtemps, agrippé à la corde à la force de ses bras.
Je saisis le téléphone et j’appelle les pompiers, le tout en courant, sachant qu’il se trouve à l’opposé de la
cabine, à l’amont, accroché au navi-stop, rive gauche, côté barrage.
Les pompiers me confirment l’envoi d’une équipe, je peux alors raccrocher. Je continue ma course, j’aperçois un yak et le ramasse en me disant que ça pourrait me servir.
Arrivé presque à hauteur, je lâche le yak et me saisis d’une bouée, mais à ce moment-là, j’entends les riverains qui s’étaient attroupés, crier : « il a lâché !».
À ce moment-là je comprends que c’est quitte ou double, je ramasse le yak et je cours un petit peu en aval pour anticiper la dérive du corps et arriver au bon endroit au bon moment.
Quand je me penche pour regarder en contrebas, je le vois passer à grande vitesse, se débattant comme il pouvait pour rester à la surface, la tête à moitié sous l’eau.
J’ai juste eu le temps de plonger le yak et de le « bloquer » avec pour qu’il le sente et le saisisse.
Le plus dur est fait, mais le courant est tellement fort qu’il est très difficile de ne pas lâcher prise. À plusieurs reprises, il me dit qu’il a froid et qu’il n’a plus beaucoup de force.
Heureusement, les pompiers sont arrivés à temps (environ 10 mn après) et ont pu intervenir avant qu’il ne lâche.
Je suis sous le choc car je me dis que sans mon intervention et à quelques secondes près, cet homme serait mort noyé, laissant sans doute une famille derrière lui.
Je ne dis pas ça pour obtenir une médaille ou me mettre en avant, je le dis car ce genre d’accident n’est malheureusement pas si rare, et que SANS LA PRÉSENCE D’UN ÉCLUSIER SUR LE SITE CET HOMME SERAIT MORT !!
À bon entendeur et vive la télé-conduite…
La CFDT-VNF n’a jamais été demandeuse ou porteuse de la téléconduite, celle-ci s’impose aux personnels comme à leurs représentants d’autant plus que la direction n’a jamais consulté les représentants du personnel sur ce choix.
Ce témoignage démontre l’importance d’avoir une présence de personnels formés sur la voie d’eau et les abords. Il est également important de conserver les logements de service et une présence des agents sur le terrain. Ce témoignage en est une nouvelle preuve que la direction et les pouvoirs publics doivent entendre.
Si ce n’est pas déjà fait, une réflexion doit-être initiée sur les endroits dangereux pour les usagers et certains aménagements, quand cela est possible, doivent être fait afin que ce type de situation ne puisse pas se reproduire à cet endroit où ailleurs. Malheureusement, ce n’est pas une situation isolée.
La présence d’agents, si elle est nécessaire et sauve des vies, ne dispense pas la direction d’une vigilance accrue afin que les agents n’en soient pas réduits à mettre leur vie en danger pour assurer les premiers secours quand ils sont nécessaires. La formation et le matériel adéquat pour agir en sécurité, les aménagements, la signalétique, la communication avertissant des dangers, sont une somme de mesures qu’il faut mobiliser au quotidien.
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